(Sandie Brischler)
« Mon travail se concentre sur la notation, le signe, la ligne, la trace, l´acte graphique dans sa dimension corporelle, le corps humain dans sa fragilité, le corps visionnaire ou aveugle, l´œil et la thématique du cercle.
Le noir et le blanc sont mes principaux champs d´expérimentation.
Le papier est ma matière première, je l´utilise comme matière multidimensionnelle, ou comme surface à traverser.
L’art m’intéresse en ce qu’il a de commun avec l’inconscient, la maladie et le sacré. Ma recherche fouille dans une faille de la conscience. L´univers médical d´une part, et psychanalytique d´autre part, ont été mes premières grandes sources d´inspiration. J´ai commencé à développer mon propre univers graphique à partir de ma fascination pour les transcriptions graphiques des battements cardiaques (interprétations d´électrocardiogrammes), ce qui a constitué la plus grande partie de mes premiers travaux artistiques.
Ce lien entre « corps » et « écriture » (ou langage) s´est développé au fil des années en diverses séries de travaux graphiques, réalisées sur des supports variés: Transcriptions graphiques de pulsions corporelles, systèmes de signes, écritures concrètes, images sémantiques, écritures automatiques, dessins à l´aveugle, reproductions de systèmes d´alphabet braille, traces du corps… Toutes ces notations ont témoigné (témoignent) de la nécessité d´être présent et de s´inscrire, se graver soi-même dans un moment.
Dans mes dernières recherches, ces travaux graphiques se sont traduits en performances corporelles où le corps s´engage dans l´acte d´écriture et devient signe lui-même.
Mes performances sont mes travaux les plus actuels : Le corps devient écriture, mot, signifiant. J´explore sa capacité à laisser des traces et à entrer dans un processus écrit. Entre signe et langage, traces et formulations, interjections et mots, écriture physique, écriture organique, le corps est la connexion vivante entre les traces et les mots, et s´inscrit sur de longs rouleaux de papier blancs.
Le corps, dans mes performances graphiques, explore un abyme de la conscience et évolue comme un signe de vie dans un champ étroit entre normalité et anormalité. C´est l´exploration physique du signe d´où émerge la force entre signes de vie, inscriptions, expression des mots, et la trace ou la ligne plate. Le dessin ou l´écriture deviennent une action à l´intérieur d´une dynamique physique : Trace, intuition, spontanéité du geste et du mouvement se développent comme une grammaire corporelle en relation avec la papier et l´espace.
Depuis mes débuts, ce concept avant tout minimaliste se retrouve dans mon travail sous plusieurs formes. Actuellement je me développe surtout dans les performances. Mais je définirai mon travail et mes actions artistiques surtout comme une éternelle tentative: Tentative de formulation, tentative de compréhension, tentative de dire, enfin tentative d´être. »
_____________________________________________________________________________________________________________________
JAN LAURENS SIESLING, historien d’art (Ardennes, France, 2004) / Texte du catalogue de l’exposition « Art-Prothèse » au centre d’art de la Pommerie, en juin 2004
_____________________________________________________________________________________________________________________
GILBERT PONS, auteur, agrégé de philosophie, photographe et critique d’art (La Blanquié, 2004) / Pour le magasine « Turbulences vidéos » / janvier 2005
_____________________________________________________________________________________________________________________
MOHAMED KHIYAT, Journaliste-Analyste, Essayiste, Professeur en communication culturelle et chroniqueur artistique (Rabat, 2018) / Texte écrit à l’occasion de l’exposition « Ecriture(s) » au centre d’art D’Art Louane de Rabat (Maroc)
_____________________________________________________________________________________________________________________